Tuerie s’est toujours senti à part. Non pas qu’il ne trouvait pas sa place, mais il a toujours été à l’aise dans les marges. La tête dans les nuages, l’esprit porté vers quelque chose de plus grand que lui, il était un enfant créatif, souvent observé avec curiosité.
Originaire de Boulogne-Billancourt, bastion du rap français connu pour la dureté de ses textes et la technicité de ses artistes, Tuerie n’a pourtant jamais pleinement adhéré à cet héritage. Ses influences dépassaient largement le rap : rock fusion, musique alternative et gospel rythmaient autant son quotidien que les légendes locales telles que Booba ou Salif. Lorsqu’il commence à faire de la musique à treize ans, il réalise rapidement que ses inspirations vont de Limp Bizkit et Linkin Park à Jacques Brel et Lauryn Hill. Libre et sans frontières.
Après plusieurs années à écumer les scènes locales avec un live band, il rencontre les rappeurs Luidji, Beeby et Dinos, avec qui il forme un groupe éphémère. Pourtant, peu à peu, il relègue le rap au second plan et se tourne vers le travail social. Mais en 2019, son aventure prend brusquement fin. La musique ne lui permet pas encore d’en vivre et, avec un enfant sur le point de naître, il ne peut pas se permettre d’échouer. L’idée de reprendre un emploi salarié le traverse, jusqu’à ce que sa compagne de l’époque lui lance un ultimatum :
“Comment pourras-tu dire à ton fils « n’abandonne pas » si toi-même tu as laissé tomber ce qui te fait vibrer ?”
Ces mots résonnent en lui. Le rap redevient une évidence. Avec le soutien de son label Foufoune Palace, il se lance dans la création de Bleu Gospel (2021), un album qu’il porte en lui depuis l’enfance.
Un projet pour exorciser ses démons et exhumer des souvenirs. Conçu aux côtés du producteur Keydi et du réalisateur-photographe Steven Norel, Bleu Gospel voit le jour en plein confinement et crée un véritable choc. En racontant son histoire et celle de sa famille, Tuerie réalise qu’il n’a jamais touché autant de monde qu’en se livrant avec sincérité.
La magie des paradoxes ?
